10 nov. 2009

Libé-rez nous !

Ce mardi 10 novembre 2009, le quotidien national de gauche Libération (ce nom !) livre un très intéressant sondage sur la cartographie des peuples de gauche modernes. Traditionnellement, on pense aux trois grandes familles qui composent le paysage de gauche en France, soit le communisme, le socialisme et le mouvement écologiste. Mais cette étude nous révèle notamment que le social-libéralisme fait une vraie belle progression, ce qui est à saluer, atteignant 19% des gens se réclamant de gauche, à égalité avec le communisme antilibéral, anticapitaliste et altermondialiste, ce qui, par contre, est grave.

Plus étonnant, une catégorie difficilement "plaçable" sur l'échiquier politique : une famille nommée "morale anticonsumériste", une famille qui, selon Libé, "ne conteste plus le modèle libéral, mais qui accorde (...) de l'importance aux valeurs et à la morale". A croire que le libéralisme est amoral et sans valeurs. Merci Libé.

Mais le plus drôle est à venir : le "leader" de cette famille atypique serait... Ségolène Royal. Là, on rit.

L'autre grand enseignement de cette étude est qu'il aura fallu un sondage pour réaliser -enfin- que les mouvements écologistes sont une famille à part entière de la gauche. Mais, ce qui est dommage, c'est de circonscrire le souci environnemental à la gauche. Aujourd'hui -ce qui n'était pas vrai il y a encore 5 ans- le centre et la droite républicaine ont également pris à bras le corps les questions écologiques. Mais Libé martèle en titre : "A gauche, l'écologie prend racine". Bah oui, alors qu'à droite et au centre, on s'en tape encore, on est que des gros pollueurs de merde. C'est bien connu.

Allez, encore du comique qui ressort de ce sondage. Premier paradoxe : alors que le pourcentage de personne se réclamant de gauche refusant toute réduction des allocations aux chômeurs refusant 3 offres d'emploi successives recule toujours, une majorité d'entre eux trouve que l'État joue un rôle trop important. Drôle. Autre paradoxe : la gauche "antisystème écologiste" est à la fois anticapitaliste et antilibérale mais souhaite elle aussi moins d'intervention de l'État. Faudrait savoir.

Au-delà, cela montre quelques unes des contradictions que ce "peuple" de gauche, pour lequel j'ai par ailleurs le plus grand respect, mais aussi de la France. Cela me rappelle le constat que fait le politologue Thierry Leterre dans son ouvrage très fourni "La gauche et la peur libérale" que le simple fait que notre pays n'ait pas encore connu l'émergence d'une force politique libérale (sociale-libérale ou libérale-conservatrice) démontre son immaturité politique. Il montre également que cette immaturité est notamment flagrante dans le fait que la France considère encore le libéralisme comme une idéologie de droite, conservatrice. Alors qu'il existe un libéraliste de gauche et un libéralisme progressiste. Inconnu en France.

On est pas sorti, je vous le dis.

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