10 févr. 2013

XV de France : programme de la semaine

Suite à cette deuxième défaite historique dans le Tournoi des VI Nations et face au marasme vécu hier contre des Gallois convalescents dans notre jardin du Stade de France, on conseille vivement à Philippe Saint-André un programme adapté dans la semaine de préparation pour affronter les Zangliches à Twickenham...


Lundi
Convoquer des joueurs performants et habitués à ces rencontres internationales. Je l'avais déjà préconisé, il y a des joueurs, tels Domingo, Buttin, Médard, Malzieu, Nyanga, Samson, Martial, Vosloo, etc..., peut-être pas tous à leur pic de forme mais sûrement meilleurs et avec davantage d'envie que certains samedi.
Ensuite, mettre les joueurs à leurs postes : cela peut paraître simpliste mais curieusement ça marche. Exemple typique : Fofana au centre, associé à Fritz ou Bastareaud.
Ce remaniement induit de renvoyer sur leur canapé un certain nombre d'éléments. Entre Huget qui oublie 2 fois de faire la passe décisive sur chacun de ses ailiers, Fall qui se blesse comme toujours et le fait de pouvoir jouer à "où est Charlie" en cherchant Mermoz, les chèvres ont bien bêlé leur rugby samedi.

Mardi, Mercredi et Jeudi
Travailler la conservation du ballon, en trois points :
1. Mardi : le déblayage autour des rucks,
2. Mercredi : le soutien (et notamment la réactivité de celui-ci),
3. Jeudi : l'envie de jouer les ballons au lieu de les rendre systématiquement au pied à l'adversaire.

Vendredi
Se rappeler de quelques bases du jeu de rugby, soit :
- Les passes se font en arrière, pas en avant,
- Les trois-quarts sont là pour être utilisé, pas uniquement pour faire joli, par exemple en demandant à l'ouvreur d'ouvrir, c'est-à-dire d'écarter le ballon vers les ailes (au moins de temps en temps).
- Ne pas confondre "occuper le terrain adverse" et "rendre le ballon à l'adversaire", notamment passé l'heure de jeu.
- Demander aux postes censés être occupés par des créateurs (le 15, par exemple) de créer et non de se la jouer perso, timide et généreux (envers l'adversaire : encore les multiples munitions rendues au lieu de venir relancer).

Samedi
Travailler l'envie, l'envie et encore l'envie.

Dimanche
Et encore l'envie...

29 janv. 2013

Coq au vin : proposition de recette (Tournoi 2013)

Il y a 2 ans, je donnais déjà mon avis sur la composition du XV de France. 
Hier, notre Goret national (et presque régional ici en Auvergne) a livré sa première liste des 24 (et non 23) pour le premier match des Bleus dans ce Tournoi des VI Nations 2013. Or, cette liste a, dès son annonce, fait beaucoup parlé sur la blogo-twittosphère rugbystique. Et pour cause ! Avec une ossature générale qui respecte celle des victoires probantes lors de la dernière tournée d'automne victorieuse, rien d'incompréhensible jusque là. Sauf que. PSA a, de l'avis (presque) général fait quelques choix plutôt hasardeux et c'est également mon avis. Dans l'ordre :

Forestier préféré à Domingo
Certes Yannick Forestier a fait une excellente tournée d'automne. Certes Thomas Domingo revient tout juste d'une longue blessure. Certes il lui manque du temps de jeu pour retrouver son meilleur niveau. Oui mais : son meilleur niveau est tout simplement exceptionnel. "Domingue la Vachette" est sur le podium des meilleurs piliers gauche de la planète ! De plus, il faut noter les sorties de plus en plus décevantes de Forestier avec Castres lors des dernières journée de Top 14... Même si c'est un joueur que j'aime bien et avec un vrai potentiel.

Fall et Huget préférés à Buttin (et Médard)
Le règne absolu de la polyvalence. Voilà ce que reflète ce choix absurde de Saint-André. Et encore ! On peut se poser la question, car les rares fois où Buttin a évolué à l'aile avec l'ASM, il s'en est très (très) bien sorti... Idem pour Médard. Buttin le 15 de métier dans toute sa splendeur (créativité, jeu au pied, relance géniale, classe balle en main et sûreté sous les ballons hauts, ...) cède sa place à deux "chèvres" de notre championnat. Méchant, me direz-vous. C'est vrai, mais j'assume. Alors oui Huget sort des prestations de plus en plus convaincantes avec Toulouse. Mais pas à l'arrière : à l'aile. Et depuis combien de temps ? Moins de six mois. Rappellez-vous avant, en particulier avec le XV au Coq où il enchainait les mauvais choix de jeu et les bourdes. Et Fall, n'en parlons même pas. Mais gageons que le Racingman se blessera dans les 20 premières minutes contre l'Italie et que PSA rappellera Buttin !

Fofana se profilant à l'aile
Bon, alors on comprend tous que le souci de PSA est un véritable problème de riche : il doit faire le choix entre de supers centres. Fritz, Fofana, Bastareaud et, dans une moindre mesure Mermoz. Moindre mesure car, s'il a un potentiel indéniable et fait quelques étincelles avec Toulon, il faut se rappeller de ses prestations avec le XV de France sous Lièvremont : un coup de bon, un coup de très mauvais... Mais dans l'absolu, on peut comprendre que le Goret fasse appel à lui.
Mais placer Fofana à l'aile et le priver du centre, c'est du gâchis. Gâchis de talent à l'état pur, gâchis d'essais, gâchis de courses tranchantes dans les défenses adverses, et j'en passe. Quelle solution ? Laisser Mermoz à Mayol, associer Fofana à Fritz ou Basta' (une préférence pour Fritz quand-même). Et pour l'aile ? Pourquoi pas un spécialiste du poste ? Je sais, c'est une idée folle. Huget pourquoi pas mais vous connaissez mon opinion sur l'artiste. Alors qui ? Quelques noms en vrac : Julien Malzieu (ASM), Romain Martial (CO), Julien Arias (SF) voire Alexis Palisson (RCT). Martial fait de très belles sorties avec Castres depuis maintenant 2 ans et Malzieu est un ailier pur qui va sans nul doute revenir à son meilleur niveau d'ici peu mais qui, il est vrai, revient à peine de blessure.

Enfin, et bien que je sois hors du temps, il y avait bien l'option Rougerie :
Avantages : expérience du "vieux sage", véritable capitaine des lignes arrières, polyvalence centre/aillier et dépannage à l'arrière, revient à un niveau exceptionnel en club.
Inconvénients : l'âge : il risque d'être un poil vieux pour la coupe du monde en 2015 (35 ans, Pelous s'est retiré à 34 ans...).

Pour finir et clarifier tout ça, voici ma proposition de liste des 24 avec mon XV type (en tenant compte des blessures de Clerc et Dulin) :

Avants : Domingo, Debaty ; Kayzer, Szarzewski ; Mas, Ducalcon ; Papé, Maestri, Samson ; Dusautoir, Nyanga, Ouedraogo, Picamoles, Chouly.
Arrères : Parra, Machenaud ; Michalak, Trinh-Duc ; Malzieu, Fofana, Fritz, Bastareaud, Buttin, Médard.

>> Disposer donc de vrais spécialistes (Malzieu, Basta', Buttin) et de vrais polyvalents (Fofana, Fritz, Médard).

DOMINGO    KAYSER    MAS

PAPE (C)    MAESTRI

DUSAUTOIR    PICAMOLES    NYANGA

PARRA    MICHALAK

MALZIEU    FOFANA    FRITZ    MEDARD

BUTTIN

XV alternatif :

DEBATY    SZARZEWSKI    DUCALCON

PAPE (C)    SAMSON

DUSAUTOIR    CHOULY    OUEDRAOGO

MACHENAUD    TRINH-DUC

MALZIEU    FOFANA (ou FRITZ)    BASTAREAUD   BUTTIN (ou FOFANA) 

MEDARD (ou FRITZ)


31 oct. 2012

Skyfall : Bond dans son jus

Ce n'est certainement pas un hasard si mon premier billet critique ciné (depuis "Là-haut") concerne un film de la saga James Bond. Tout simplement parce que je suis un fan absolu. Plus précisément : je reste un fan absolu. Car comme beaucoup, Daniel Craig aurait pu me perdre en route. Mais non. Et ce pour deux raisons :
1. Quoi qu'on en dise, Craig a su incarner véritablement James Bond; 
2. Au-delà, il y a un véritable travail à faire sur soi pour se persuader que chaque nouvel acteur incarnant l’espion britannique est bien Bond, James Bond.

En tout état de cause, si vous avez toujours un doute quant à la capacité de Daniel Craig à être James Bond, courez voir Skyfall.


Le 23ème Bond, commémorant les 50 ans de la saga voulue par Saltzman et Broccoli, est un délicieux mélange de nouveautés, de vintage et d'action typiquement danielcraiguesque. Surtout, il nous plonge dans les racines mêmes du personnage tout en multipliant les clins d'oeil malicieux aux précédents opus. Dont certains pour asseoir la légitimité de nouveaux personnages, tel le fameux sarcasme de Q à propos des gadgets qu'il remet à 007 : "En espérant qu'ils reviennent en un seul morceau". 

Pour Q comme pour d'autres éléments de ce film, les scénaristes ont bien réfléchi, bien pensé. Concernant le patron du "Service Q" (c'est comme cela qu'il est présenté dans Dr No), on sent qu'ils se sont demandé à quoi aurait pu ressemblé le vieux Q incarné par Desmond Llewelyn lorsqu'il était une jeune recrue et si cela se passait en 2012. Bien vu. Et le malicieux Ben Whishaw relève le défi avec brio alors que c'était honnêtement casse-gueule.

Si vous n'avez pas encore vu le film, ne lisez pas les 3 prochains paragraphes car j'y mentionne quelques révélations.

Bien vu également le nouveau M, à la fin du film, que devient Mallory, incarné par le très british Ralph Fiennes. Il fera un excellent M, très "tradi", presque churchillien dans son bureau tout droit sorti des années 60. La tout aussi excellente Judi Dench aura fait son temps, et ce n'est pas péjoratif.

Bien vu encore le retour de Moneypenny (auquel on s'attendait). Une Miss Moneypenny black, manière de placer une nouvelle fois Bond dans son temps et de faire écho au débat du début des années 2000 sur un éventuel James Bond noir sans cette fois proposer de débat. Malin d'introduire un tel changement dans un film emprunt de "Bond Nostalgia".

Au passif, on pourra noter l'abandon de l'intrigue initiale (la disparition du disque dur avec le nom des agents infiltrés) et une Bond girl dont on a jamais, au cours du film, la certitude qu'elle ait bien été abattue par le méchant interprété par un Javier Bardem impérial de folie. Et enfin quelques petites erreurs de réalisation où on se dit que c'est un chouilla too much, limite OSS 117.

Bref, pour moi qui suis un inconditionnel de 007, tout autant de Sean que de Roger et Pierce (un peu moins de Timothy et pas du tout de George) chacun pour des raisons différentes, Skyfall est la preuve finale que Daniel et un excellent James Bond, plus profond que les précédents, et donc plus intéressant, et surtout plus proche de l'oeuvre littéraire de Ian Fleming. 

Mais avec Skyfall, on a (enfin !) la rencontre de ce Bond dur et profond construit (dans la douleur) dans Casino Royale et Quantum of Solace et du Bond classique que l'on connaissait bien et que l'on avait perdu de vue depuis Die Another Day.

Sûrement un des meilleurs Bond.
A regarder accompagné d'un Earl Grey, ou d'un Darjeeling avec une pointe de scotch.

6 juin 2012

Portraits officiels et messages officieux

Le nouveau Président de la République a livré avant-hier son traditionnel portrait officiel, que rien oblige dans la loi mais qui sera dans toutes les mairies et écoles de la République. 

Un cliché intéressant à bien des égards, une photo qui a capté mon attention de par la charge émotionnelle à laquelle il renvoie. 

Avant de décortiquer la photo de François Hollande, voyons rapidement celles de ces prédécesseurs au sein de la Vème République avec une analyse très rapide :

Charles de Gaulle

Le cadrage, américain et en contre-plongée, place le spectateur dans une position d'infériorité vis-à-vis du Président, debout, qui porte son habit de cérémonie dans la bibliothèque de l'Elysée qui permet de construire des lignes verticales qui soulignent l'attitude droite du président et de rappeler, la main posée sur un livre, l'héritage culturel de notre pays. Le regard est orienté vers l'extérieur, le visage est grave.

Georges Pompidou

Ce portrait présente Pompidou comme héritier et successeur direct du General de Gaulle, la même scénographie est utilisée, seul le livre sous la main a disparu et la tête est orientée vers la gauche mais le regard toujours à l'extérieur du cadre.


Valery Giscard d'Estaing

Avec ce plan rapproché, dans un format paysage, sans contre-plongée, le Président apparaît comme plus proche, il est situé au même niveau que le spectateur. Cela renvoie au désir de Valéry Giscard d'Estaing d'être un Président « moderne », proche de ses concitoyens. C'est la première fois que le drapeau apparaît dans un portrait officiel et Valéry Giscard d'Estaing a délaissé l'habit de cérémonie et la bibliothèque, qui paraissent datés. Pour la première fois également, le Président nous regarde et sourit et son teint apparait comme (un peu trop) halé : ce n'est plus une fonction (Président) qui s'affiche mais un homme.

François Mitterand

On retrouve un cadrage plus classique mais on garde un plan rapproché et un cadrage à hauteur du Président qui montre qu'il veut désormais se montrer plus proche des citoyens. On retrouve le décor de la bibliothèque de l'Elysée mais Mitterrand ne reprend toutefois pas l'habit de cérémonie, c'est un mélange de retour aux modèles anciens et une reprise des nouveautés introduites par VGE. Le visage est souriant et pour la première fois, le Président est assis, comme pour montrer une certaine sérénité et ainsi rassurer. Il tient à la main un livre, ce qui lui permet de s'afficher comme un grand amateur de littérature et de donner une référence aux Français : les Essais de Montaigne.

Jacques Chirac

On retrouve un cadrage américain avec une légère contre-plongée, il y a une certaine distance recréée entre le spectateur et le Président. C'est la première photographie officielle faite en extérieur : les jardins de l'Elysée. Le drapeau fait également son retour de manière discrète. Les couleurs de la photographie officielle changent : les teintes sombres de la bibliothèque sont remplacées par des couleurs plus vives (bleu, vert). Le président est de nouveau debout, le corps légèrement penché, les mains derrière le dos, ce qui crée une dynamique et incite à une certaine sympathie. Moderne et naturel. Le Président doit maintenant sourire discrètement sur son portrait officiel, c'est désormais une certitude.

Nicolas Sarkozy

Le cadrage est plus éloigné, ce qui accentue la petite taille du Président (dommage…), qui apparaît également comme plus lointain. C'est un retour à la bibliothèque de l'Elysée, mais on a ajouté à ce cadre classique, de grands drapeaux français et européens, côte-à-côte. L'apparition du drapeau européen dans le portrait officiel du président de la République française marque une évolution : l'avenir de la France est lié à celui de l'Europe. Le président est de nouveau debout, de trois quart mais avec le visage tourné vers le spectateur, une pose très officielle et rigide qui fait penser aux premiers portraits officiels. A noter qu'il s'agit du premier portrait à subir des retouches numériques et c'est aussi celui... qui a le moins bien marché.

François Hollande

Le format carré est clairement un clin d'œil à la photographie amateur avec le polaroïd ou Instagram, résolument moderne. François Hollande est dans l'ombre des arbres, et au loin l'Elysée est surexposé. Le choix de l'extérieur peut être perçu comme un clin d'œil au Président Chirac mais, au-delà, c'est à mon sens pour mettre en avant sa "filiation" avec la Corrèze (bien que Normand, ne l'oublions pas), mais surtout la France provinciale en général. Le Président, bien qu'en légère contre-plongée, apparait très naturel grâce à la technique du photographe, Raymond Depardon, qui lui a demandé de marcher vers lui. On est loin des codes de la photo institutionnelle, puisque François Hollande se veut Président "normal". C'est clairement l'homme qui est photographie et moins le President. Un très bon cliché, à mon sens. Seul l'arrière-plan, en particulier les drapeaux, fait un peu Photoshopage, dû notamment à la surexposition. Les bannières ont pourtant été posées en vue de la photo.

Probablement le meilleur portrait officiel de Président jusqu'à présent, selon moi, d'un point de vue artistique.


6 avr. 2012

De l'image de François Bayrou, suite... et Fin.

Il y a près de deux mois, j'écrivais un article sur le fait que l'image que donne François Bayrou était en contradiction avec ce qu'attendaient les Français d'un futur Président de la République, malgré de vrais atouts. 

Voici qu'Ipsos en partenariat avec Logica sort une énième étude sur les candidats, leur forces, leurs faiblesses, les tendances, etc... selon un échantillon représentatif de la population française, selon l'expression consacrée.

On y apprend beaucoup de choses, entre autres que les deux points qui vont à l'encontre de François Bayrou sont... son manque de dynamisme et sa stature de Président qui n'est pas a la hauteur de la fonction.


Et voilà. On en arrive à une situation paradoxale, presque burlesque où le champion des bonnes opinions a toutes les peines du monde à n'être ne serait-ce que troisième homme. En grande partie, j'en suis convaincu, à cause de son image. Bien sûr, la base militante du MoDem n'est pas grande, bien sur ce n'est pas une machine de guerre à gagner des élections mais ce n'est pas ce que ses sympathisants attendent, ni l'ensemble des Français d'ailleurs.


L'image que renvoie M. Bayrou est à la fois l'une de ses grandes forces (simplicité, authenticité, parler-vrai, humilité) et sa plus grande faiblesse (manquant de charisme, perçu comme ennuyeux, comme le décrit très bien The Guardian, peu dynamique).

François Bayrou, vous ne serez probablement pas Président de la République en 2012. Mais d'ici à 2017, je vous conseille ardemment de suivre les points suivants:

- Ne disparaissez pas de la vie politique française, et surtout pas dans la médiatisation de cette vie politique. Soyez actif, allez à la rencontre des Français, conservez le lien que vous avez réussi à tisser avec eux, ne "descendez pas de votre tracteur" qu'une fois tous les 5 ans pour leur parler, comme s'en est amusé The Economist...
- Montrer ceux qui vous entourentQui composerait votre gouvernement si vous étiez élu ? Car à moins de vraiment s'y intéresser, peu de nom sortent naturellement dans la tête des Français... Montrer que vous n'êtes pas seul. 
- Suivez un media training intensif : comme l'a appris François Hollande, apprenez à être sûr de vous, incisif, à apparaitre comme combattant et intransigeant, avec du caractère. Finalement, montrez qui vous êtes vraiment et surtout croyez en vous.
- Re-loo-kez-vous ! Comme Hollande (encore) ou Jean-Marie Le Pen a la fin des années 80, adoptez un style de Président. Ce n'est pas compliqué et même si je comprends que vous n'ayez pas envie de leur ressembler car les imiter sur la forme c'est faire croire qu'on les imite sur le fond, rappelez-vous toujours ce que ma Grand-Mère disait : "Ah Chirac, il parle bien. Et puis... il a une prestance !". A votre avis, ça voulait dire quoi... ? Cheveux, choix des costumes, des agencements de couleurs, ... bref : devenez le candidat à l'image du site bayrou.fr. Car aujourd'hui votre image est en complète contradiction avec votre site de campagne... c'est dommage.
Vous vous plaignez de la Sarkhollandisation de la campagne par les medias ? Vous avez raison mais battez-vous avec les armes de vos ennemis : vous avez déjà entendu parle de la technique d’agenda-setting, j'imagine. Sinon, demandez à votre spin doctor de vous faire un topo.

Mon sentiment pour conclure : vous avez d'énormes atouts pour accéder à la fonction suprême et en faire une fonction plus noble que ce qu'elle n'est maintenant. Mais remettez-vous en question car tout cela est caché et gâché par votre obstination à ne pas vouloir changer votre image. Car vous avez peur de vous trahir ainsi, de vous travestir. Mais ce ne serait pas le cas car les gens vous connaissent mieux que vous ne le croyez.


François Mitterrand vous a autrefois confié que vous seriez un jour Président de la République. Cela ne suffit pas pour le devenir.

20 févr. 2012

De l'image de François Bayrou

Le cas François Bayrou m'intéresse.
Pour plusieurs raisons mais principalement parce que je me retrouve dans nombre de valeurs que le MoDem incarne et parce que son incapacité à atteindre le second tour dans les sondages m'interpelle.

En effet, j'ai l'intime conviction, renforcée par l'environnement professionnel dans lequel j'évolue (la communication), qu'il y a deux raisons majeures (majeur ne signifie pas unique) pour lesquelles un candidat réussi de nos jours à atteindre le deuxième tour d'une élection présidentielle :

1. Le socle idéologique sur lequel il repose : ce socle définit la solidité de sa base militante, la force de pensée du mouvement et le potentiel d’adhésion informelle de nouveaux sympathisants.

2. L'image du candidat : nombre de Français élisent aujourd'hui celui ou celle (plutôt celui...) qui, au-delà d'incarner un socle de valeurs dans lequel ils se retrouvent en partie, possède la meilleure prestance, la plus belle éloquence et le charisme qui sied à la fonction suprême.

Sur la question du socle idéologique, François Bayrou offre à mon sens de sérieuses garanties. Rapidement et pèle-mêle (et sans être évidemment exhaustif) :
  • une vision raisonnable et raisonnée de l'écologie (qui ne se résumerait pas à une batterie d'interdictions qui mènerait à un ralentissement de l'économie);
  •  l'humanisme au coeur du projet de société;
  • une confiance dans la force de l'Europe à condition que celle-ci soit forte et n'impose pas tout aux Nations;
  • le retour à l'équilibre budgétaire (F. Bayrou est aujourd'hui le seul candidat à proposer cette mesure qui me parait pourtant d'une évidence folle);
  • un projet visant à prendre le meilleur du keynésianisme et le meilleur du capitalisme pour forger une "Troisième voie" à la française qu'est le centrisme; 
  • un projet dont les trois piliers sont à la fois raisonnables et nécessaires : 
    • Produire : de nouveau, en France; 
    • Instruire : l'instruction et l'éducation sont essentiels pour l'avenir de notre société;
    • Construire : ensemble, en remettant à l'honneur la responsabilité du citoyen.

Son socle de valeurs est, à mon sens, une grande force car un grand nombre de Français de différents bords peuvent s'y retrouver. D'ailleurs, je suis satisfait de voir que des politiciens de gauche (en particulier des écologistes et des progressistes) comme de droite (surtout de l'aile la plus modérée de l'UMP et les séguinistes) se sont joint à Mr. Bayrou.

A présent, penchons-nous un instant sur l'image du candidat et c'est là, vous allez le comprendre, que pêche pour moi la stratégie du MoDem. François Bayrou possède, à la base, un grand nombre d'élément dans son "pedigree" constituant une grande force pour séduire les Français :
  • C'est un provincial, un vrai, du Béarn, et il le revendique. C'est une force et on l'a vu lors de chaque élection (l'origine très "Neuilly-sur-Seine" de Nicolas Sarkozy a pesé sur son image tandis que les VGE, Chirac, Mitterrand etc. ont toujours communiqué sur leurs origines régionales);
  • Il vient du peuple : ce n'est pas un fils de diplomate ou de politicien mais un enfant de paysans qui a lui même exercé le métier d'agriculteur à la mort de son père;
  • Il connaît le pouvoir et ses couloirs : conseiller général, député puis ministre, ce n'est pas un novice et s'il est toujours en vie politiquement c'est qu'il a une certaine influence et une vraie force;
  • Il se présente pour la troisième fois : c'est ce qu'on appelle de la persévérance et de la détermination. Mieux, regardons ses scores à travers le temps : 2002 - 6,84 % , 2007 - 18,57 %.
D'ailleurs, il se positionne aujourd'hui comme le candidat préféré des Français, tout simplement, avec pas moins de 70% de bonne intentions... mais pourquoi les intentions de vote ne suivent-elles pas ?

Beaucoup lui reprochent, et moi le premier, son manque de charisme. Un côté un peu mou, pas très assuré devant micros et caméras, montrant les stigmates du bégaiement dont il souffrait enfant.
Sauf que cela cache une forte personnalité et un esprit brillant.
Dommage.
Deux solutions à mon sens :

1. Comme je le proposais avec sarcasme sur Twitter, changer l'image que véhicule François Bayou :



François Hollande y est arrivé en quelques mois, à grand renfort de relooking et de mediatraining. Sauf qu'aujourd'hui, il a une vraie stature de Président, ce qui n'était pas le cas il y a encore 1 an :


Le costume fade et sans style à fait place à le port du costume version Président : noir + chemise bien blanche + cravate bleue foncée avec reflets.

De son côté, cela ne semble pas atteindre François Bayrou... :


Revoir également l'apparence qui entoure le candidat. Toute la campagne qui a été mise en place sur le web est brillante, mais malheureusement le reste souffre d'un manque de cohérence avec cette campagne. Par exemple, comment est-ce que l'équipe de communication de la campagne de Bayrou peut imaginer cela... :


...quand celle de François Hollande a voulu cela :


Veuillez, sil vous plaît, observer :
  • d'un côté, le fond version PowerPoint 95 turquoise (je répète : turquoise ???) avec un slogan qui n'en est pas un (puisque le slogan de Bayrou est "Un pays uni, rien ne lui résiste") en Arial-tout-en-majuscule (so PPT 98 !) avec le faux-souligné-version-forme-automatique. Et évidemment, le costume trop grand.
  • d'un autre, un candidat déjà Président visuellement : costume ajusté, fond bleu France et à gauche de Hollande les drapeaux européen et français, tout comme un Président en exercice... Mais au-delà de cette signification, c'est tout simplement élégant.
Et pourtant, parfois, on n'est pas loin... :



Tout ceci ne doit évidemment pas masquer un véritable travail sur l'attitude du candidat Bayrou : plus assuré, plus combatif, plus tranchant dans ses interventions.

2. Au contraire, assumer cette autre dimension, mais alors l'assumer pleinement. Car j'ai remarqué en visionnant quelques vidéos que François Bayrou est beaucoup plus à l'aise lorsqu'il prend la parole dans un cadre plus informel : surgissent d'un coup humour, sincérité et fluidité dans le discours. On sent l'homme qui parle avec ses conviction et son expérience. 
Exemple :


Mais pour l'assumer, pas question de faire de l'entre-deux. Car c'est bien là le problème de François Bayrou à mon sens : il se force, du coup il est le cul entre deux chaises. Il se force à être plus grandiloquent, à prendre un air plus solennel, à avoir l'air fort... alors qu'il n'est jamais plus fort que lorsqu'il est lui. A condition qu'il s'assume.

26 mars 2011

Coq au Vin : proposition de recette

Sortie de Tournoi des VI Nations.
Dans 6 mois, Coupe du Monde de Rugby en Nouvelle Zélande.
Entre les deux : seulement 2 matches de préparation face à l'Irlande à la mi-août.

Suite au bilan effectué à l'issue de ce Tournoi dans lequel nous pouvions viser la première place, tout le monde y est allé de son petit commentaire et de sa proposition de sélection digne de ce nom. Je me suis tu, mais j'ai à présent moi aussi envie de m'en mêler. Plusieurs points, donc :

Le staff
Critiqué, certains souhaiterait sa démission. Or, à 6 mois d'une Coupe du Monde, on ne change pas, à mon sens, un staff, a fortiori lorsqu'il ne reste que 2 rencontres pour s'y préparer. Rappelez-vous Aimé Jaquet en 98... et gageons que Marc Lièvremont saura ne pas se priver de joueurs importants et renvoyer à leurs jupons certains bleus un peu superflus.

La sélection :
Je serais bref : il me semble étonnant de ne pas rappeler des joueurs utiles et débordant d'activité avec leur club, ainsi que des joueurs qui, en plus d'être bons, se connaissent parfaitement sur le pré, vous comprendrez de vous-même en jugeant la sélection que je vous propose et les deux équipes-types qui en découlent :


DOMINGO   SERVAT   MAS

PIERRE   PRIVAT

LAPANDRY   VERMEULEN   BONNAIRE

PARRA (C)   TRINH-DUC

MALZIEU   MARTY   MERMOZ   ROUGERIE

FLOCH



BARCELLA   SARSZEWSKI   DUCALCON

NALLET   MILLO-SCHLUSKI    

 DUSAUTOIR (C)   CHABAL   HARINORDOQUY  

YACHVILI   SKRELA

CLERC   JAUZION   FRITZ   MEDARD

POITRENAUD


Les grands principes de cette sélection :
- Ramener des "anciens" du groupe France qui font leurs preuves en club depuis longtemps et qui apportent un supplément d'âme et : de violence au combat (Privat), de force de pénétration (Vermeulen), d'explosivité et de vitesse (Malzieu), ... Surtout, ils sont rompus aux joutes du calibre supérieur et les plus "vieux" possèdent assurément un mental plus costaud.
- Aligner ensemble des joueurs qui se connaissent parfaitement en club (Clermont, Toulouse et Perpignan).
- Avoir des spécialistes d'un poste (Malzieu à l'aile, Floch à l'arrière) mais aussi des polyvalents (Médard à l'aile et à l'arrière, Rougerie à l'aile et au centre).
- Ne pas rompre ceux qui commencent à avoir des automatismes (charnière Parra - Trinh-Duc, première ligne Doming - Servat - Mas).

Ceux qui ne sont pas de cette sélection mais... qui pourraient y être selon d'autres principes : 
- Bastareaud : il est bon quand il le veut : il suffit de respecteur son caractère et le manager correctement pour le canaliser lorsqu'il le faut
- Dupuy : il revient au meilleur niveau
- Palisson : il peut être brillant, parfois, mais surtout à l'arrière
- Andreu : un feu follet qui, s'il a faim, peut affoler une défense adverse, un psécialiste du poste d'ailier
- Chabal : psychologiquement efficace face à l'adversaire lorsqu'il joue à fond son rôle d'homme des cavernes.

Le Jeu
Je n'arrive pas à comprendre le fameux Carnet de Jeu de Marc Lièvremont au sens où je n'arrive pas à le lire lors des matches. Je ne l'ai jamais eu entre les mains non plus. Mais j'ai le sentiment qu'en reprenant certains des principes qui m'amène à proposer la sélection ci-dessus, un jeu "à la française" se dégagerait tout naturellement et sans avoir à le rédiger en 100 pages et à le distribuer au élèves avec pour interrogation orale un match de Tournoi ou de Coupe du Monde... 
Ainsi : 
1/ L'habitude du jeu ensemble créant des automatismes, le jeu est plus fluide, plus rapide et davantage à l’instinct. 
2/ On n’envoie au Championnat départementaux que les meilleurs de la classe, pas les "passables" (Huget, Guirado, Palisson, ...).

Le "French Flair" n'est pas mort. Il n'y a simplement pas les conditions, le contexte requis pour qu'il s'exprime.  Il a besoin de sérénité dans le jeu courant, un jeu simplissime mais fait avec qualité et confiance absolue. A partir de là, les initiatives peuvent naître, les envolées peuvent se créer et aboutir à condition que tout le monde se connaisse bien.

La préparation :
Bernard Laporte en 2007 lors d'un test-match contre les All Blacks en vue de la Coupe du Monde : "Comment voulez-vous affronter la meilleure équipe à l'heure actuelle quand vous n'avez pas vu votre effectif depuis juillet et que vous avez quatre jours pour vous préparer contre des All Blacks qui, eux, ont passé 4 mois ensemble ? Je crois que c'est mission impossible." 

Je crois en effet que dès le nom du Champion de France 2010/2011 connu, c'est à dire au soir du 4 juin, Marc Lièvremont doit rameuter ses troupes à Marcoussis et ne les lâcher que les weekends jusqu'à la Coupe du Monde. Cela ferait 3 mois de vie en commun et surtout de travail ensemble afin de développer les automatismes et appliquer enfin le projet de jeu du Catalan, qui somme toute, a droit à sa chance. 
Mais au moins qu'il s'en donne les moyens.