11 déc. 2010

Ne pas perdre le Nord

Nuit du 13 au 14 septembre 2010.
Affalé dans mon canapé, je zappe sans certitude mais accablé de lassitude.
C'est ainsi que je tombe sur l'émission Un oeil sur la planète. Consacrée à la Suède. A priori, rien de follement excitant, mais mon naturel curieux est logiquement attiré par cette découverte d'un pays que je ne connais point, à travers la modeste lucarne de la deuxième chaîne.

Quel bouleversement !
Quelques minutes plus tard, je réalisais encore un peu plus à quel point notre pauvre France allait mal.
Surtout du côté de l'exercice du pouvoir.
Songez donc : en Suède, les ministères sont abrités dans les étages d'immeubles lambda, au-dessus d'une poissonnerie ou un institut de beauté ! Une simple plaque dorée est là pour rappeler, tel un cabinet d'avocat en France, qu'un ministère se trouve plus haut.

Une fois dans ledit ministère, un simple comptoir d'accueil, semblable à n'importe quelle entreprise, vous fait face. Là vous pouvez, vous-même, simple citoyen, oser prétendre regarder les comptes de Monsieur ou Madame le Ministre ! Histoire de voir si tout est carré dans la compta... Première règle de la politique en Suède : transparence.
Forcément, en France, ce n'est pas naturel. Il faut dire que les 13 900 € (hors avantages et indemnités) que récupèrent chaque mois nos ventripotents ministres (du pur argent de poche puisque tout leur est ou fourni, ou payé) semblent ne pas leur suffire à tous au regard du nombre d'"affaires" qui font les gros titres depuis bien longtemps. Au-delà on sait que l'argent public français est gaspillé, ce n'est plus un secret...

Passé l'accueil, pénétrons dans le cabinet et le bureau du ministre suédois. Ma foi, rien de folichon, on se croirait dans celui de n'importe quel directeur de service dans une entreprise. Equipe resserrée, une dizaine de personnes compose le cabinet quand en France il faut pourvoir beaucoup plus de postes parce que, vous comprenez, le ministre français a des amis. Et ces amis ont des amis aussi. Et il faut bien leur donner un peu d'occupation.
"On peut faire nos photocopies nous-même" explique la ministre suédoise. Forcément, chez nous, au regard de  l'expertise nécessaire que requiert cet exercice, il faut au bas mot une dizaine de conseillers pour mener à bien une telle mission.

Mais le mieux est à venir : quand le ministre français et son cabinet ont droit à un cuisinier et un service digne d'un restaurant étoilé, son collègue suédois se fait lui-même son kawa dans une classique cafetière Seb -c'est bien !- qu'il boit dans son mug qu'il nettoiera ensuite comme tout le monde dans l'évier. Et autant vous dire que la cuisine en formica version Ikea est bien différente de celle du chef qui officie dans un ministère français.
Deuxième différence notoire, donc : modestie.

Enfin, dernier point pour ne point trop m'étaler sur la question, il s'agit en Suède de ne pas perdre le sens des réalités. C'est pour cela que la ministre suédoise marche. A pied. Dans Stockholm. Qu'elle boit l'eau du robinet au sein du ministère. Et enfin qu'elle range elle-même ses dossier dans son étagère derrière son bureau. Je sais, ça parait fou.

Ce reportage est encore visible par ici
Je le conseille vivement.

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